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La révolte des canuts de 1831

Publié le
13/1/2024

L’industrie de la soie à Lyon

Au début du XIXème siècle, l’industrie de la soie est l’activité principale de la ville de Lyon. Fabricants, marchands, teinturiers, ouvriers la travaillent, la vendent, l'embellissent, ou la transportent vers d’autres contrés. Comme les fils d’une pièce en soie, tous ces acteurs de la première industrie lyonnaise sont liés les uns aux autres.

Les ouvriers, les canuts, sont cependant les plus exposés lorsque le secteur de la soie va mal. En effet, les Soyeux, les marchands qui passent commande auprès des ateliers des Canuts, jouent sur la concurrence entre les différents ateliers. Ils poussent les différents ateliers de tissage à une concurrence exacerbée, pour obtenir des tarifs toujours plus bas des ateliers et augmenter leur profit personnel.

En 1831, les conditions sont de plus en plus dures pour les Canuts. Le revenu qu’ils touchent, pour quinze heures de travail quotidien, n’est pas suffisant pour vivre dignement. Ils vivent une vie de misère. En plus de cela, le besoin en main d’oeuvre diminue à cause de métiers à tisser innovants, comme le métier Jacquard. Donc en dépit d'une demande soutenue de produits faits à base de soie, le revenu que touchent les Canuts continue à diminuer jusqu’à être deux fois inférieur à celui qu’ils touchaient sous le Premier Empire (Napoléon pour ceux qui situent pas trop).

Las de la concurrence entre chaque atelier et encouragés par la révolution des Trois Glorieuses (révolution de Juillet, abdication de Charles X et avènement de Louis Philippe), les chefs d’atelier réclament un tarif minimum au préfet du Rhône. Le 25 octobre 1831, une foule de 6000 canuts marchent dans Lyon pour réclamer un tarif minimum. face à cette démonstration populaire, le préfet accepte aussitôt le tarif minimum.

Seulement, l’autorité publique locale ne fait pas loi au près des grands industriels de la soie. En effet, certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum. Ils avancent que les nouveaux ateliers de tissage qui fleurissent en Europe créent une concurrence plus importante et les obligent à baisser leurs coûts. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, tous les éléments sont là pour que la révolte commence. Au cœur de la Croix-Rousse, plus de 8000 canuts se sont réunis. En face d’eux, se trouve la garde nationale. Leurs fusils sont chargés de plombs prêts à déchirer la chaire des prolétaires. Quelques coups de feu éclatent, mais pas plus.

La révolte

Le 21 novembre, les apprentis et compagnons Canuts, prêts à aller plus loin dans le combat social, élèvent les premières barricades dans leur quartier. La Monarchie de Juillet, intransigeante, envoie la police et les gardes nationaux. Heureusement pour les canuts, parmi les gardes, se trouvent nombre de chefs d’ateliers. Incapables de tirer sur leurs frères, 900 gardes nationaux passent du côté des insurgés.

Le 22, les révolutionnaires contrôlent la Croix-Rousse et la Guillotière, brandissant le drapeau noir où est brodée leur devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ». Les combats entre l’ordre et les canuts sont mortels. 69 canuts et une centaine de militaires perdent la vie.

Le 23, les canuts ont le contrôle de la ville et les politiciens tentent de récupérer le mouvement. Refus à l’unanimité des Canuts qui s’élèvent contre cette intrusion du politique dans leur lutte sociale.

Le 24, le préfet rétablit le calme. Les Canuts pensent avoir gagné. Mais Louis Philippe tout juste installé sur le trône veut montrer son autorité. Il envoie 20 000 soldats de l’armée royale à Lyon sous la conduite du maréchal Soult, un transfuge de la Grande armée napoléonienne.

Le déséquilibre des forces est trop important et le 3 décembre, les soldats de Louis-Philippe font désarmer la population. Le maréchal fait arrêter 90 ouvriers, licencie la garde nationale, révoque le préfet et abroge le tarif établi tout juste un mois plus tôt. Les Canuts sont battus.

Néanmoins, les canuts créent un précédent. Jamais auparavant, un groupe d’hommes, seulement unis par les liens d’un même métier, n’étaient allés aussi loin dans la révolte sociale. Même si ce ne fût que pour quelques jours, Lyon, une des plus grandes villes d’Europe, fut sous le contrôle d’ouvriers. Cet événement a un retentissement incommensurable dans les autres pays du continent, où là aussi, le nombre d’ouvriers croît en même temps que leur colère.

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La révolte des canuts de 1831

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26/11/2019

L’industrie de la soie à Lyon

Au début du XIXème siècle, l’industrie de la soie est l’activité principale de la ville de Lyon. Fabricants, marchands, teinturiers, ouvriers la travaillent, la vendent, l'embellissent, ou la transportent vers d’autres contrés. Comme les fils d’une pièce en soie, tous ces acteurs de la première industrie lyonnaise sont liés les uns aux autres.

Les ouvriers, les canuts, sont cependant les plus exposés lorsque le secteur de la soie va mal. En effet, les Soyeux, les marchands qui passent commande auprès des ateliers des Canuts, jouent sur la concurrence entre les différents ateliers. Ils poussent les différents ateliers de tissage à une concurrence exacerbée, pour obtenir des tarifs toujours plus bas des ateliers et augmenter leur profit personnel.

En 1831, les conditions sont de plus en plus dures pour les Canuts. Le revenu qu’ils touchent, pour quinze heures de travail quotidien, n’est pas suffisant pour vivre dignement. Ils vivent une vie de misère. En plus de cela, le besoin en main d’oeuvre diminue à cause de métiers à tisser innovants, comme le métier Jacquard. Donc en dépit d'une demande soutenue de produits faits à base de soie, le revenu que touchent les Canuts continue à diminuer jusqu’à être deux fois inférieur à celui qu’ils touchaient sous le Premier Empire (Napoléon pour ceux qui situent pas trop).

Las de la concurrence entre chaque atelier et encouragés par la révolution des Trois Glorieuses (révolution de Juillet, abdication de Charles X et avènement de Louis Philippe), les chefs d’atelier réclament un tarif minimum au préfet du Rhône. Le 25 octobre 1831, une foule de 6000 canuts marchent dans Lyon pour réclamer un tarif minimum. face à cette démonstration populaire, le préfet accepte aussitôt le tarif minimum.

Seulement, l’autorité publique locale ne fait pas loi au près des grands industriels de la soie. En effet, certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum. Ils avancent que les nouveaux ateliers de tissage qui fleurissent en Europe créent une concurrence plus importante et les obligent à baisser leurs coûts. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, tous les éléments sont là pour que la révolte commence. Au cœur de la Croix-Rousse, plus de 8000 canuts se sont réunis. En face d’eux, se trouve la garde nationale. Leurs fusils sont chargés de plombs prêts à déchirer la chaire des prolétaires. Quelques coups de feu éclatent, mais pas plus.

La révolte

Le 21 novembre, les apprentis et compagnons Canuts, prêts à aller plus loin dans le combat social, élèvent les premières barricades dans leur quartier. La Monarchie de Juillet, intransigeante, envoie la police et les gardes nationaux. Heureusement pour les canuts, parmi les gardes, se trouvent nombre de chefs d’ateliers. Incapables de tirer sur leurs frères, 900 gardes nationaux passent du côté des insurgés.

Le 22, les révolutionnaires contrôlent la Croix-Rousse et la Guillotière, brandissant le drapeau noir où est brodée leur devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ». Les combats entre l’ordre et les canuts sont mortels. 69 canuts et une centaine de militaires perdent la vie.

Le 23, les canuts ont le contrôle de la ville et les politiciens tentent de récupérer le mouvement. Refus à l’unanimité des Canuts qui s’élèvent contre cette intrusion du politique dans leur lutte sociale.

Le 24, le préfet rétablit le calme. Les Canuts pensent avoir gagné. Mais Louis Philippe tout juste installé sur le trône veut montrer son autorité. Il envoie 20 000 soldats de l’armée royale à Lyon sous la conduite du maréchal Soult, un transfuge de la Grande armée napoléonienne.

Le déséquilibre des forces est trop important et le 3 décembre, les soldats de Louis-Philippe font désarmer la population. Le maréchal fait arrêter 90 ouvriers, licencie la garde nationale, révoque le préfet et abroge le tarif établi tout juste un mois plus tôt. Les Canuts sont battus.

Néanmoins, les canuts créent un précédent. Jamais auparavant, un groupe d’hommes, seulement unis par les liens d’un même métier, n’étaient allés aussi loin dans la révolte sociale. Même si ce ne fût que pour quelques jours, Lyon, une des plus grandes villes d’Europe, fut sous le contrôle d’ouvriers. Cet événement a un retentissement incommensurable dans les autres pays du continent, où là aussi, le nombre d’ouvriers croît en même temps que leur colère.

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