Un tunnel routier ? Trop classique.

Un tunnel pédestre ? Pas assez recherché.

Un tunnel pour les modes doux avec projections lumineuses sur les parois ? Là on dit oui !

Traversez-donc le tunnel de la Croix-Rousse réservé aux modes doux qui vous rappellera sans doute une de ces fameuses expositions à l’Atelier des Lumières.

1. Le projet

Source : Wikipédia

Initialement construit comme tube de secours du tunnel routier ouvert à la circulation dès 1952, c’est lors de sa réhabilitation en 2013 que l’idée vient de construire un deuxième tunnel afin de transformer cette nécessité technique en véritable projet urbain. Se voulant parallèle et d’apparence similaire au premier, celui-ci est réservé aux modes doux : une voie y est consacrée aux vélos (vous trouverez d’ailleurs des stations Vélo’v de part et d’autre du tunnel), une autre aux bus et une dernière aux piétons. Il s’agit d’un lieu piétonnier reliant le Rhône et la Saône, et permettant aux coureurs de s’exercer du parc de la tête d’or à Vaise en toute sécurité. Le tube s’étend sur une longueur de 1,75 km et les quartiers qu’on y trouve aux extrémités sont complètement différents.

2. L’architecture

Pour respecter l’harmonie architecturale des extrémités d’où il s’installe, les têtes du tunnel sont radicalement différentes :

• Côté Rhône, on a affaire à un site urbain construit avec les quais Lassagne notamment. L’idée était donc de recréer ce lien urbain en imaginant une tête rigoureuse, très dessinée, simple et sobre.

Tunnel côté Rhône - source : Lyon people

• Côté Saône en revanche, l’environnement est complètement différent. La Saône est une rivière plus féminin contrairement au Rhône qui se veut plus rigoureux. Les têtes de tube ont donc été conçues de manière à sortir dans une sorte de grande ellipse courbée pour adoucir le paysage.

Tunnel côté Saône - source : Chiffons Macarons & Co

Les deux tubes étaient originellement différents dans leurs dimensions, les voitures prenant plus de place que les modes doux. Afin d’avoir deux tubes identiques pour une harmonie visuelle au niveau de la façade, le diamètre de 10 mètres du tube « mode doux » a été élargi à 14 mètres comme le tunnel routier. Côté matériaux, la pierre est utilisée aux deux entrées pour ses aspects nobles et durables. Cependant ce n’est pas la même des deux côtés, toujours dans l’optique de s’adapter au mieux au paysage architectural : tandis qu’une pierre grise très pure est utilisée côté Rhône, le côté Saône est quant à lui bâti avec des moellons qui permettent d’adopter une forme courbée plus facilement. De même, sa couleur plus douce et plus chaude correspond davantage à la Saône.

3. L’intérieur

Source : Lyon Tourisme

Pensé pour rendre moins anxiogène la traversée qui peut se montrer longue et monotone (environ 25 minutes à pied, 10 minutes à vélo), l’intérieur de cet immense tube a été travaillé avec un psychologue pour mieux comprendre la nature humaine. L’objectif n’était pas de créer un musée avec des œuvres pérennes mais plutôt des animations pour accompagner la personne lors de sa traversée. Il a donc été instauré du multimédia avec du numérique et de l’informatique. 9 thèmes référencés en 9 séquences tournent en boucle pendant plusieurs heures. Si vous passez au même endroit, vous n’aurez donc pas toujours les mêmes éclairages. Aussi, les parois intérieures du tube ont été peintes en gris clair béton, pour une lumière douce. L’éclairage a été pensé dans les moindres détails puisque les différences intérieures et extérieures ont été traitées sur les 50 premiers mètres de manière à éviter un éblouissement total. Ces éléments en font un tube unique, intime, tout en étant animé par les lumières des projections.

Vous l’aurez compris, le tunnel de la Croix-Rousse est un spectacle animé permanent qui vaut le détour pour un semblant de 8 décembre toute l’année !

Mathilde

Source photo icône : Mobility Way